Quelques temps avant la diffusion d’Imulal le 21 mai 2013 sur Calédonie Première, un premier article sur Nunë Luepack dans Coco TV.

Le palmarès du festival anûû-rû âboro sur Papalagi, le blog du journal le Monde, tenu par Christian Tortel.

Le site Global Magazine, première ONG de l’info consacre une page au film de Nunë Luepack :

« Destin commun

En 1988, les accords de Matignon ont conclu quatre années d’affrontements violents entre pouvoir métropolitain et indépendantistes kanaks sur la base de la paix immédiate et la perspective d’une autodétermination. Dix ans plus tard, l’Accord de Nouméa signé entre le gouvernement français, le Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) et le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) a ouvert la voie de l’émancipation politique de la Nouvelle Calédonie et mit fin à son statut de territoire d’outre-mer. Cet accord trace le chemin d’une large autonomie, d’un transfert de pouvoir progressif, en attendant le rendez-vous politique qui, dans une date à préciser entre 2014 et 2018, décidera entre indépendance et autonomie. La question n’est pas (encore) consensuelle.

Imulal

Nunë Luepack (à la réalisation) et Sylvain Derne (au micro) ont décidé d’aller en chercher la réponse auprès de la jeunesse calédonienne, toutes origines ethniques confondues, tant en métropole qu’en Nouvelle-Calédonie. Leur film, Imulal, est une enquête les yeux dans les yeux où celles et ceux né(e)s après « les évènements » parlent pour certains de leur peur de la rupture économique avec la métropole, pour d’autres de leur appétit pour la page blanche à écrire et pour tous, unanimement, de leur volonté de cultiver « plus ce qui nous unit que ce qui nous sépare ». Cela sonne comme un écho aux propos d’un chef coutumier kanak expliquant, assis en tailleur sur la natte d’une grande case, que la politique dans le monde coutumier c’est de trouver un terrain d’entente, un consensus entre toutes les parties, « parce que c’est ensemble qu’on prend les décisions ». On ne lève l’assemblée qu’après l’accord de tout le monde. En cela, à ses yeux, « la société kanak est plus la démocratie que la démocratie », démocratie occidentale qui laisse insatisfaite la partie du peuple mise en minorité par un vote. Dans la vision du monde de ce chef, le cercle infini de la case et l’éternité du ciel désignée par la flèche faitière de la case suffisent à contenir l’universel dans la coutume. Ce n’est pas forcément du goût des jeunes pour qui l’infini du contrôle social de la tribu finit par être pesant. Besoin légitime d’Ailleurs, comme en témoigne cette jeune femme venue étudier les Beaux Arts en métropole confiant à la caméra « j’encourage toutes les femmes à partir ». Sans pour autant rien lâcher de son identité kanak.

Sans Modèle

Le film, œuvre d’un kanak et d’un caldoche, révèle une tension, sinon La tension, qui sous-tend le futur référendum : à savoir la trilogie identité, citoyenneté, indépendance. Comment conjuguer la conscience d’un sentiment identitaire – attachement à la coutume pour les uns, à leur terre natale pour les autres – avec la citoyenneté. Le film biaise le sujet en voulant définir une « citoyenneté calédonienne ». Les réponses sont floues car intuitivement, les interlocuteurs sont mal à l’aise avec le concept. Peut-être à cause de la confusion entretenue entre citoyenneté et nation. Identité + citoyenneté = nation, l’équation posée comme telle en Europe au XVIIIe siècle et imposée en modèle mondial est-elle encore une solution ? Les impasses contemporaines des états-nations face à la globalisation du monde et les désastres des états communautaristes devraient plutôt favoriser une remise en cause du modèle. La prudence des jeunes Calédonien-nes dans leurs propos traduit cette non-adhésion à un modèle existant mais aussi la pression pesant sur leurs épaules d’avoir à inventer leur vie politique. Une pression mais aussi une opportunité historique exceptionnelle de s’emparer de leur destin. De quoi réfléchir avant d’affirmer. »

Un article de Gilles Luneau à retrouver ici.