Synopsis

Bobo et Michael Lonsdale, dans les vastes salles et les couloirs lumineux du Château de Versailles, commentent l’histoire.

« Depuis 16 ans, Bobo vit et travaille avec moi. C’est un petit bonhomme, microcéphale, sourd et muet. Il a passé plus de quarante ans en hôpital psychiatrique.

Là où je l’ai trouvé. Je l’ai emmené avec moi.

Le handicap. Je n’aime pas ce mot, je rejette les catégories. Le handicap peut être une chance, mieux, une grâce. Il y a chez Bobo un mystère, comme si les choses le traversaient. C’est devenu un grand acteur. Il ne projette pas. Une dimension magique. Tout se passe à travers lui-même. Quand il met un vêtement, il devient ce vêtement.

Nous vivons à une époque de grande «homologation», d’obligation à la conformité. Depuis que je vis avec Bobo, je sais que la beauté de la vie, c’est la différence.
Quand on m’a proposé ce projet, je savais que je voulais tourner au château de Versailles.

Ce lieu immense à l’architecture très symétrique, la magnificence, les pièces avec les lustres, les meubles et les dorures, toutes ces traces des « puissants ». Versailles est un symbole du pouvoir absolu.

J’ai voulu filmer la fragilité dans ce lieu de pouvoir. Je voulais deux personnes pour faire cette visite, comme une promenade. J’ai proposé à Michael Lonsdale de jouer avec Bobo. A plus de 83 ans, la maladie et la vieillesse l’ont rendu vulnérable. Le grand corps de Michael qui semble s’effondrer, à côté de celui nettement plus petit de Bobo, il y avait à la fois un contraste et une similarité. Il suffit qu’ils soient là, tous les deux dans ce cadre royal. Les paroles ne sont pas fondamentales. Surtout quand on a deux grands acteurs qui racontent beaucoup en faisant très peu. »

Pippo Delbono